5/02/2012

Malheureusement, non, pas cette fois

Ça fait déjà une semaine que j'ai passé mon entrevue pour le volet écriture à l'École nationale de l'humour (ENH). Un peu moins de sept jours que j'ai reçu un courriel pour m'aviser que "c’est avec regret que nous vous informons...". Et patati, et patata. La semaine d'avant, c'était à peu près la même formule, visiblement pré-rédigée, cette fois pour me dire que je n'avais pas été retenu pour le volet humoriste.

Bon, bon, bon. Si je suis déçu? Ben tsé, oui, un peu. Non mais je n'ai pas consacré plusieurs heures d'écriture, de réécriture et des journées complètes de répétition, seul devant un miroir, dans le but précis de me faire dire que "je n'étais pas prêt". Mais ils ont sûrement eu raison de ne pas me sélectionner. Sans oublier qu'il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus (donc, étant un non élu, je peux être Sénateur. Pousse-toi de là, Jacques Demers! Joke politique, et poche en plus. Pardonnez-moi.)

Mais si ça vous intéresse de savoir un peu plus en détails comment ça se passe, une audition...

Comme je l'écrivais dans un précédent billet, je me suis inscrit exactement la journée limite pour soumettre les candidatures. J'avais évidemment écrit mon numéro et mon sketch qu'il fallait envoyer avant pour être considéré dans la catégorie auteur, sans toutefois avoir pris la décision de m'inscrire de façon définitive. J'avais écrit les textes un peu pour le fun, pour me faire rêver (fantasmer, voire délirer) ou je ne sais trop quelle autre raison encore moins bonne.

Le lendemain de mon inscription, on m'appelle pour fixer mes dates d'audition (humoriste) et d'entrevue (auteur). Je note les journées dans mon agenda que j'utilise assez peu d'ailleurs, malheureusement (oui, pauvre lui. Désolé petit bouquin vert). Je raccroche et je me rends compte bien vite que mon audition est... dans deux semaines! Ah, fuck! 600 mots (même pas mal plus) à apprendre par coeur et à livrer de façon surprenante pour avoir une place à l'ENH. Pis en plus, il faut que ce soit drôle!

Je me pratique, donc, pas mal de fois. Je récite l'oeuvre (ben quoi, c'est de l'art...). Je m'enregistre avec mon gadget vieux de plusieurs années, donné par ma mère, à l'origine destiné à réaliser des entrevues, mais qui fonctionne encore à merveille. Je me pratique à nouveau. C'est dur, je n'arrive pas à me rappeler les segments. Je m'enregistre encore. Je vais prendre une marche, écouteurs sur les oreilles, pour l'apprendre un peu plus. Je répète encore. Encore. Encore. Ça s'en vient mieux. Je précise mes intonations, note où ça accroche et commence tranquillement à maîtriser mon numéro.

(Parenthèse, ici. Je ne sais toujours pas si mon numéro est drôle, encore à ce jour. J'ai beau l'avoir présenté à mes parents la veille de l'audition mais la famille est le pire juge et mes géniteurs ont surtout servi de public passif, pour me mettre de la pression, que de conseillers ou de spectateurs. À deux, ça rit pas mal moins que devant des centaines de personnes. Pendant l'audition, ils étaient trois (deux gars, une femme) et ils regardaient surtout mon jeu et ont en grande partie analysé ma performance. Bon, mon texte aussi, mais ils n'ont pas examiné le contenu du numéro minutieusement. Ils n'ont pas ri, sauf une fois peut-être, et ça m'a un peu dérangé même. Toujours est-il que je pense que ce que j'ai présenté est comique. En tout ça, moi, je trouve ça pas pire. Mais tsé, y a pas juste moi qui compte dans la vie. Faudrait que je le teste... Bref. Longue parenthèse terminée.)

Alors j'arrive au moins 20 minutes avant l'heure prévue pour l'audition. Le temps ne manque pas pour regarder les cadres des finissants (beaucoup pas du tout connus aujourd'hui et qui n'ont sûrement jamais percé, admettons le) ainsi que les affiches de spectacles de pros du domaine. Je croise un gars qui sort tout juste du local. Polis, on se souhaite bonne chance. J'entrevois Louise Richer (crimebine qu'elle parle fort, elle) et la salue brièvement en retour de son beau "bonjour". Celui censé passer avant moi n'est pas là, alors on m'invite à entrer dans le local. Il fait noir, mais un endroit est bien éclairé par des projecteurs sans être surélevé. "Ah bon, y a comme une scène...", dis-je nerveusement. Ben oui, tsé, j'avais comme pas pensé que ça pouvait être encore plus intimidant... On m'explique que c'est pour mieux voir mes mimiques et toutes les facettes de ma prestation.

Je m'y mets finalement, après quelques respirations profondes et un moment de recueillement trop succinct (non mais j'ai quand même un peu de vocabulaire, tsé). Puis go, c'est parti. J'oublie tout (sauf mon texte et les indications de jeu dans ma tête) et je déblatère (encore du vocabulaire. Mais où est le jeu de Scarbble?) devant trois personnes que je ne connais pas mais qui, malgré cela, m'écoutent attentivement.

En plein milieu de mon numéro, c'est là que je réalise ce qui se passe. Je suis à Montréal, à l'ENH, et je présente ma création à des gens qui vont peut-être déterminer le sort de mes deux prochaines années de vie et, qui sait, mon avenir en entier. Mes jambes se mettent à trembler. Tout ça dure seulement quelques secondes et je continue d'être sur le pilote automatique, si on peut s'exprimer ainsi. Je prends une pause pour me remémorer où j'en suis dans mon texte.

C'est fini. Je m'avance vers les juges et m'assois sur un tabouret pas du tout confortable. De toute façon, ça existe, un tabouret confortable, hein? NON!  Recroquevillé, je réponds calmement aux questions des pros. Pourquoi l'humour? Je réponds (à peu près) : "Ça fait longtemps que j'y pense. Et je me suis dit pourquoi pas m'essayer et plonger?" On me demande ensuite qui j'aime ou m'intéresse. Je pense au côté absurde des Denis, à l'imagination débridée des Chick, au style provocateur de Wagner, à l'audace des Appendices et au contenu de Nantel.

Je leur mentionne au passage qu'on m'a déjà dit que je ressemblais à un certain Houde, Louis-José de son prénom. Un des juges, prof d'impro, répond que j'ai plutôt des airs de Pierre Verville (heille, là, woah! Je câle peut-être, mais pas tant que ça!). À bien y penser, c'est quand même un compliment (il était admirable dans "Les Lavigueur". Sauf que, petit pépin : c'est une série dramatique...).

Et pis c'est bebye, des nouvelles d'ici vendredi, on passe au suivant. Pas de commentaire sur l'exploit que je viens de réaliser. Si c'est oui, il y a une autre rencontre en groupe de 25 à peu près, puis on garde environ la moitié. Pendant mon retour à la maison, je me demande comment ça s'est déroulé. Je suis satisfait même si je crois avoir oublié un bout. Ou peut-être pas, en fin de compte. Je ne suis plus certain si j'ai conté tel gag, le tout ayant défilé dans ma tête beaucoup trop rapidement alors que je m'exécutais. Anyway, c'est fait, c'est fait.

Et ce fut un non, finalement.

Bon, ça fait. Pour en savoir plus sur l'entrevue (auteur), qui a eu lieu la semaine suivante (25 avril), va falloir lire un prochain billet. Celui-là est déjà assez long de même.

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